Faire un petit tour au palais ducal pour visiter la nouvelle exposition des étudiants de l’École supérieure d’arts appliqués de Bourgogne du lycée Alain Colas, en partenariat avec les Compagnons d’Emmaüs, revient à se balader dans un jardin. Pas un jardin à la française, pas un jardin japonais, pas un jardin en friche. Ici, on découvre un jardin recyclé ! Solidaire. Original. Rafraîchissant. Qui invite à la fois à l’admiration, au sourire et à la réflexion.
En collaboration avec les Compagnons d’EmmaüsLe principe du projet, presque un défi, était de dénicher des outils de jardins dans la communauté Emmaüs à Magny-Cours pour leur donner une seconde vie. Pari réussi : les objets ainsi détournés prouvent que le recyclage peut devenir un art. Dans le bel écrin du palais ducal, les ‘uvres des étudiants sont joliment mises en scène et accompagnées d’une photographie d’un compagnon ou d’une compagne d’Emmaüs qui s’en empare. L »il va ainsi de l’objet à la photo, du regard souvent timide du compagnon au texte explicatif écrit par l’étudiant.
Samedi, lors du vernissage de l’exposition, Frédéric Battle, proviseur du lycée Alain Colas a salué le travail et l’implication des élèves. « Ce jardin est le symbole d’une démarche humaniste et créative. Il pose un regard sur notre façon de consommer. Et il est aussi le reflet de valeurs de partage, de fraternité et de vivre ensemble. C’est véritablement de l’éco design. »
Pour Jean-Luc Diény, professeur de l’Esaab, chargé du projet, cette exposition est « un petit miracle. Nous avons vécu un feuilleton de galères mais nous avons trouvé des solutions à chaque fois. » Et de souligner la précieuse collaboration avec la communauté Emmaüs : « L’accueil des compagnons a été bouleversant. Emmaüs est le premier recycleur de France ! L’association est le meilleur exemple que le recyclage est une filière d’avenir. » L’enseignant a détaillé le processus de création : chaque étudiant a choisi un objet et l’a réhabilité. Chaque compagnon a ensuite mis en scène l’objet. « Tout se mélange : jeunes, anciens, matières », a repris Jean-Luc Diény. « La serre à papillon qui est au centre de l’exposition est à l’image des intervenants du projet. Tous portent en eux quelque chose, un potentiel, un art. Leur avenir sera heureux, constructif, courageux. »
Un supplément d’âmeTrès fier et heureux de participer à ce projet artistique, le président d’Emmaüs Nièvre, Patrick Travers, a rappelé les valeurs des Compagnons. « Le refus de la misère, les rencontres, la lutte contre l’exclusion guident notre action. Grâce à ce projet, les étudiants de l’Esaab ont pu rencontrer les Compagnons et échanger. Cela leur a permis de retrouver un supplément d’âme, un surcroît de dignité. »
Face aux nombreux élèves de l’école et aux personnalités présentes pour admirer cette exposition, le maire Denis Thuriot a salué le travail de l’Esaab, en rappelant que « l’art a le pouvoir de faire évoluer les mentalités et les habitudes de vie. » Les Neversois ont jusqu’au 11 février pour visiter l’exposition, et qui sait, peut-être modifier leurs propres habitudes de consommation.