La section Mise à niveau en arts appliqués (Manaa) de l’École supérieure d’arts appliqués de Bourgogne (Esaab) présente une exposition très originale, avec Emmaüs, à la MCNA.
article de Dominique Souverain publié le 16 janv 2017
On ne sait pas encore si, après les élections, certains, en entendant le mot Culture, sortiront leur P37 rouillé… A la Maison de la Culture, dans la vaste salle longtemps occupée par Jean Montchougny, c’est la rouille qui dérouille.
Grâce à l’implication et la créativité des élèves de la section Mise à niveau en arts appliqués (Manaa) de l’École supérieure d’arts appliqués de Bourgogne (Esaab), de très nombreux objets, fournis par la Communauté d’Emmaüs de Magny-Cours, revivent.
Chemins de traverse
Jetés, oubliés, entassés, malmenés, ils sont aujourd’hui détournés, réparés et donc… réanimés. Fruit de longs mois de gestation, l’exposition, intitulée » Funambules des Jardins« , a été supervisée par Jean-Luc Diény, professeur à l’Esaab qui a « mis au travail » ses élèves, eux-mêmes secondés par les jeunes de seconde de l’option Arts appliqués du lycée Alain-Colas.
Dix neuf sculptures ont été réalisées. Des « épouvantails » inspirés par la vie des Compagnons d’Emmaüs, souvent cahotique. C’est en quelque sorte un hommage à ces itinéraires en dehors des clous, à ces Compagnons souhaitant bien souvent emprunter les chemins de traverse, plutôt que de suivre une ligne trop droite.
Lors de son discours inaugural, samedi, à l’espace Michel Thuriot (fondateur du Théâtre d’essai de Nevers et ancien président de la MCN), Jean-Luc Diény a insisté sur « le devoir d’éveil à la vie citoyenne ». Et de regretter que, dans l’ambiance pré-électorale actuelle, et dans les primaires de la droite comme de la gauche, « la culture soit la grande absente des débats. Personne n’en parle, c’est à peine effleuré ! Pourtant, la culture apporte sept fois plus au PIB de la France que la totalité de l’activité automobile ! C’est à se demander si les candidats ont eux-mêmes une culture ».
Pour le professeur, « il faut apprendre aux jeunes à se positionner ». Et d’affirmer qu’ils sont venus à la rencontre des Compagnons « non pas pour chercher une assistance, mais de la formation, et, pourquoi pas, un avenir meilleur ». Pour lui, la culture est « un moyen de redonner la parole aux jeunes. Ils ont un regard neuf, bienveillant, lucide ».
Épouvantails poétiques
Parmi les œuvres, disposées devant des photos tirées sous forme de posters, citons La silhouette, « faite de flots noirs et torturés », Le Pèlerin, « que rien n’arrête de marcher », malgré des pieds en forme de râteaux, L’Espérance, « une accumulation de souvenirs », aux bras ouverts, aux tiroirs secrets et aux bandes plâtrées, L’armature, « sans âge et sans visage », même si l’on devine une tête de cheval, Le Fauteuil, fait de ressorts, de roues de vélos, d’une chaise et de multiples câbles et gaines, Anima Animus, « à la fois Lune et Soleil, obscur et clair, flamme dans le cœur, lueur dans les yeux, espoir dans l’esprit », Voyage natal, « qui vient d’où le Soleil brûle », ou encore L’épouvantail, à base de bidons, d’ancienne recharge de camping-gaz et de tuyaux de douche, entre autres matériaux.
Photos : Fred Lonjon